L’habitat
à l’architecture de terre
L’architecture berbère n’a jamais
été influencée par la conquête arabe et le développement de l’art
hispano-mauresque. Les kasbahs du sud sont la plus belle expression de cet
art rural dont les spécificités sont d’ailleurs fort proches de
l’habitat traditionnel yéménite.
Ces superbes bâtisses en terre jouèrent un rôle fondamental durant des
siècles. Elles étaient les demeures fortifiées des seigneurs. Isolées
et situées sur une position dominante, elles exprimaient l’autorité
des caïds (représentants du sultan) ou des Pacha (gouverneurs d’une
ville impériale). Les kasbahs contrôlaient les oasis et leurs voies
d’accès, servaient de points de ravitaillement pour les habitants du
désert et défendaient les caravanes contre les brigands et les pillards
nomades. Actuellement, elles abritent plutôt des notables ou des
cultivateurs, lorsqu’elles ne sont pas tout simplement à l’abandon.
La construction des kasbahs obéit à plusieurs règles architecturales.
Sur des fondations de pierre, d’épaisses murailles, flanquées de
quatre tours d’angle ornées de merlon en épis, délimitent la
construction. Les murs sont en pisé, mélange de terre et de paille selon
un procédé ancien qui isole de la chaleur et du froid. Le centre de
l’habitation est un patio, véritable puits de lumière pour
l’ensemble. L’ornementation extérieure des tours et du haut des murs
est en adobe, briques de terre crue argileuse, qui permet d’exécuter
des motifs en creux et en relief qui ajourent les parties hautes. Mais
toutes les kasbahs ne sont pas celles d’un Pacha et les demeures rurales
sont plus simples et regroupées au sein d’un même village. Protégées
de remparts avec une seule porte d’entrée, elles forment alors un ksar
(pluriel : ksour). Ces villages, construits en pisé, prennent la couleur
de leur terre d’origine, qui, passant du ocre au rouge, les rend tous
différents. A l’origine, cet habitat rural en terre fut édifié par
des familles de nomades qui, ayant décidé de se sédentariser, recherchèrent
une construction plus solide que leur tente de laine pour faire face aux
intempéries et aux ennemis. C’est pourquoi les ksour, petites
forteresses, sont établis le plus souvent sur des pitons rocheux ou en
bordure de falaise.
Ouarzazate, ainsi que la vallée du Drâa et la vallée du Dades offrent
les plus beaux spécimens de cette remarquable architecture de terre.
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Photos Dominique & Paul
Mariottini
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