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Le
Style Hamilton
David Hamilton a inventé un style. Identifiable,
mais inimitable, le style de David Hamilton se reconnaît entre mille ;
quelle revanche pour ce photographe méprisé par le milieu de la photographie.
Dés son premier livre (Rêves de Jeunes Filles -
1971) il dévoile son style, fait de fleurs, de dentelles, de chapeaux et de
jeunes filles nues. Ses images créent un monde qui a fait son succès, un monde
bucolique, nostalgique mais éternel. Hamilton sait
saisir l'instant : des paysages, des arbres, des fleurs et la campagne, et
ses photos deviennent des peintures (Hommage à la Peinture - 1984). Ses
photos semblent dater de 1900 ou 1920. Afin d'obtenir cette ambiance vaporeuse début
de siècle, on a dit qu'il fixait un bas nylon sur l'objectif. Lui dit que
c’est faux mais garde bien son secret.
Pour maîtriser la lumière et habiller ses images
d’un flou artistique, il travaille à l'aube ou au crépuscule, quand la lumière
est douce, en décors naturels dans sa maison de Saint-Tropez ou sur une plage
des Maldives.
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Nudité et candeur floues
Mais l’essentiel du style de David Hamilton
repose sur les filles « hamiltoniennes ». En
quête de beauté et d'innocence, il fuit les agences de mannequins et va
chercher ses modèles en Suède : des jeunes filles nordiques, des blondes à la
silhouette longiligne, avec des corps
de femmes encore dans l'enfance, à la peau lisse
et sensuelle et des seins qui pointent, en boutons
non éclos.
Ces jeunes
filles aux traits d'Ève rattachent l'artiste à son époque, les années 70, où
la nudité est à la mode, surtout pas érotique et encore moins pornographique.
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.Les Problèmes : autres temps, autres mœurs
Si ses photos ont collé à une époque de libération
sexuelle, aujourd'hui le regard a changé et les affaires
de pédophilie sont passées par là.
L'âge de ses modèles est sujet à débat.
Surtout, quand, dénudées, les jeunes filles s'enlacent à plusieurs comme dans
certains de ses livres à connotation lesbienne, et même si elles ne sont plus
des enfants elles sont très jeunes, comme dans un numéro de Photo où il
affiche une fillette de 12 ou 13 ans et comme dans son livre « L'Age de
l'innocence » (1995) où certaines paraissent encore plus jeunes. Peut-on
encore feindre l'innocence d'un temps révolu et partager avec Hamilton ce
pudique et candide goût des enfants, tout juste jeunes filles en fleur ?
Mais
Hamilton est amer de voir ses photos « innocentes » taxées de
« pédophiles » car même si il affirme ne jamais avoir eu de problème
avec la censure, depuis l’affaire Dutroux, ses photographies de très jeunes
blondes dénudées font scandales et sont mises à l’index et sa gloire est
ternie.
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L’Hamilton nouveau
Pour ceux qui le croyait disparu, David Hamilton
publie deux livres en 2007 : « Des Contes érotiques »
(Éditions Hermé) et « David
Hamilton » (Éditions de
la Martinière).
Aucun éditeur américain n'a voulu publier ce
livre. Mais La Martinière ayant limité le tirage à 8 000 exemplaires, la
France deviendrait elle aussi intolérante que les États-Unis ? (Où sont
les années 70 quand ses premiers livres se vendaient à plus de 100 000
exemplaires chacun). Pourtant, ce dernier ouvrage présente, dans une rétrospective
romantique, un bel album d'images sensuelles, regroupant 20 ans de photographies
de David Hamilton. 20 ans de clichés, qui retracent
un paradis perdu, que ce soit des paysages, des natures mortes ou des portraits
de jeunes femmes.
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Au siècle prochain, David Hamilton sera peut-être le seul photographe encore
connu, celui qui a su capter et maîtriser la lumière, fixant la fragilité de
l’existence grâce à ses images nimbées de flou artistique. Mais ses modèles
de jeunes filles, saisies et retenues dans le temps, ne vieilliront plus jamais,
renvoyant, pour l’éternité, à une même idée de la
femme : belle et ingénue.
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