Polémiques
et discordes sur le choix d’un projet pour le nouveau World Trade Center A
New-York, au
lendemain des attentats du 11 septembre 2001, tout le monde était d’accord
pour une réhabilitation rapide du site. Mais cette belle unanimité s'est vite
transformée en une succession de blocages renvoyant le projet dans l'impasse,
par le fait des bailleurs, promoteurs, architectes et politiciens, dont les intérêts
et les ambitions politiques divergeaient.
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Accords
et discordes
Après l’attaque de New York, il y avait ceux qui ne voulaient
pas reconstruire et laisser le trou tel que et ceux qui voulaient combler le
vide pour voir à nouveau s’élever deux tours gigantesques, lançant ainsi un
défi aux terroristes. En effet bien des gens étaient pressés de réaménager
l'emplacement du World Trade Center. D’abord le gouverneur républicain de l'État
de New York, George Pataki, poussé par le gouvernement américain qui voulait
prouver sa détermination et par le président Bush qui devait préparer son électorat
à l’invasion de l'Irak. Puis le promoteur Larry Silverstein qui, quelques
semaines avant l'attentat avait loué le World Trade Center pour 99 ans, et
devait verser un loyer annuel colossal au propriétaire, Port Authority (un
organisme gouvernemental qui gère le port, les aéroports et les transports en
commun de New York et du New Jersey).
Si les polémiques semblent inexistantes aux abords de Ground Zéro,
qui renferme encore les âmes de tous ceux qui y sont morts et où l'arrêt est
obligatoire pour les touristes qui défilent de façon incessante depuis la tragédie,
le projet de reconstruction devient rapidement une pomme de discorde entre
politiciens, promoteurs, architectes et familles des victimes.
Se souvenir, mais renaître.
Certes, réhabiliter le quartier, c'est rendre hommage aux
victimes et réaffirmer les valeurs de l’Amérique, mais l'enjeu et l'ampleur
du projet, son coût, et la multiplicité des acteurs impliqués, va compliquer
le processus. Les désaccords ont d’abord porté sur l'idée même d'une
reconstruction à l'emplacement des Tours jumelles. Certaines familles de
victimes, ne voulant pas effacer la cicatrice, ont engagé une action pour
reporter les travaux. Mais sans succès, car si les détails du projet font
l'objet de polémiques, tous les acteurs ont la volonté unanime de faire du
quartier sud de Manhattan un nouveau pôle mondial.
Reconstruire les Tours
Jumelles ?
En 2005, la situation est si bloquée que Donald Trump propose même
la reconstruction des Tours Jumelles, soit deux gratte-ciel de forme identique
à celle des anciennes tours. Mais ce projet ne fait pas l'unanimité car pour
beaucoup, le World Trade Center n'était pas un ensemble réussi. Construit dans
les années 1960, achevé en 1972, il était déjà dépassé sur le plan de
l'urbanisme et de l'architecture. Coupées de la ville, ses deux grandes tours,
autour d'une esplanade déserte, formaient un ensemble qui tranchait avec
l'architecture du début du 20e siècle des vieux immeubles de Lower Manhattan.
40 ans plus tard, on s'apprêtait à reproduire les mêmes erreurs.
De même le cahier des charges imposait aux architectes de réserver
aux bureaux, aux hôtels et aux commerces la même surface qu’avant les
attentats. Or l’ancien World Trade Center offrait un million de mètres carrés
de bureaux et avec une économie atone, il lui a fallu 30 ans pour devenir
rentable. Sachant que de nos jours, la finance ne crée que de nouveaux emplois
confiés à des centres d'appels et des centres informatiques délocalisés, et
sachant que bien avant le 11 septembre, beaucoup d’entreprises avaient migré
vers «Uptown», certains se demandaient si le quartier de Wall Street avait
vraiment besoin de ce million de mètres carrés supplémentaire de bureaux ?
Côté budget, un désaccord entre le détenteur du bail (Larry
Silverstein) et le propriétaire du terrain (l’autorité portuaire de New-York)
va porter sur le partage des frais de reconstruction et bloquer la situation
pendant près d'un an (jusqu’en avril 2006).
Mais la plus vive de toutes les querelles sera celle entre
l'architecte du projet, Daniel Libeskind, et le magnat de l'immobilier, Larry
Silverstein, qui entraînera d'innombrables révisions du plan de
reconstruction. Ils sont néanmoins d’accord sur un point : critiquer les
politiques. Pour Libeskind le pouvoir politique ne s'est pas assez impliqué
dans l'urgence de la reconstruction, et pour Silverstein la présence des décideurs
politiques dans le projet est responsable des retards.
Finalement, dix mois après le 11 septembre, six projets voient
le jour pour définir « l’après-World Trade Center ». Tous
proposent un monument en hommage aux victimes des Twin Towers et la construction
d’immeubles de bureaux ainsi qu’une grande station de métro.
(...suite...)
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