Le rite
sacré de la mort.
Façonnés
par l'hindouisme, les Balinais savent que leur vie s'inscrit dans le grand cycle
des renaissances qui mène l'âme purifiée vers la paix du ciel. Mais ici, la
mort n’est pas aussi tragique qu’en Inde et la crémation n'a rien à voir
avec nos enterrements. Il s’agit d’une fête qui concerne l’ensemble du
village, le disparu appartenant à la communauté. L’incinération, en réduisant
en cendres le corps du défunt permet à l'âme immortelle qui erre sur terre de
poursuivre son chemin, libérée de son enveloppe charnelle, et de renaître
sous une nouvelle forme. Si l'habitude d'incinérer le mort vient de
l'hindouisme, les balinais en donnent un caractère différent de l'Inde; en
croyant en la force purificatrice de l'eau et du feu : pour que l'âme puisse
accéder à l’au-delà, il faut que les cendres soient dispersées dans la mer
ou dans une rivière.
La préparation
Cérémonie
très onéreuse (certaines crémations coûtent le prix d'une voiture ou d'une
maison et représentent toute une vie d’économie), la crémation est souvent collective et a
lieu plusieurs mois, voire plusieurs années après le décès. Mais l’incinération
est un devoir sacré et personne ne s'y dérobe. Dès que la famille a réuni
les fonds nécessaires, le village tout entier prépare le sarcophage et la
tour, qui s'en iront en fumée avec le corps. La tour (ou bade), symbole du
cosmos, repose sur une tortue qu'enlace un naja. La base représente la montagne
du monde et le toit la montagne du ciel, le mort se trouve ainsi placé entre
ciel et terre. Cette tour de bambou, couverte de tissu, d’étoffes, de papiers
colorés et de morceaux de miroir indique, par sa richesse et par le nombre de
ses toits, l'importance du défunt (les castes inférieures n’ont droit qu’à
un seul toit).
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