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8 - traversée de l'Atlantique : un voyage sans retour


Le navire
Les navires négriers étaient des navires qui transportaient les esclaves. Ce transport d'esclaves faisait partie du commerce triangulaire et consistait à déporter des africains vers les côtes des colonies américaines. Le navire négrier est un navire de commerce ordinaire, parmi lesquels on trouve tous les types de navires (goélettes, bricks, anciens navires de guerre) et de toutes tailles et son choix dépend surtout des conditions de navigation car il faut pouvoir s'approcher au plus près des côtes africaines.
La préparation d'un navire négrier est plus chère que celle d'un navire normal à cause d’un équipage plus nombreux et de la cargaison de traite (ensemble des marchandises servant à acheter les esclaves). Il nécessite aussi un équipage spécialisé où quatre personnages ont une importance particulière. D’abord le capitaine, qui en plus de naviguer et mater les révoltes, doit négocier l’achat d’esclaves africains et la revente aux colons à l’arrivée. Puis le charpentier qui aménage le navire et prépare les faux ponts et autres "parcs à esclaves » pour l’embarquement des africains. Ensuite le tonnelier, responsable de la qualité de l’eau et de sa bonne conservation pendant la traversée. Enfin le chirurgien (qui n'est pas un médecin) est indispensable pour vérifier l’état des captifs à l’achat et les rendre présentables à la fin du voyage, et parfois pour détecter l'apparition des maladies ou des épidémies, sans pouvoir les traiter.

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  L'embarquement Dans l'entrepont Révolte à bord Voyage sans retour      

Le regroupement

Si le bateau appartenait à une compagnie nationale, il se rendait à ses comptoirs où les captifs étaient entreposés avant leur déportation, mais si le navire pratiquait le commerce libre, c’est l'armateur qui fixait les lieux de cabotage et pratiquait la traite itinérante (ou traite volante). C’est à dire que pendant plus de trois mois le navire procédait à un lent cabotage sur les côtes africaines, du Sénégal au Gabon, voire plus loin et entre chaque centre négrier pour embarquer les captifs. 

L’embarquement
L'embarquement des captifs se faisait par petits groupes de quatre à six personnes. Terrorisés, certains sautaient et se noyaient pour essayer d’échapper à leur sort. Dès qu'ils étaient à bord, les hommes étaient séparés des femmes et des enfants, les hommes allaient sur le gaillard d'avant, enchaînés deux à deux par les chevilles (ceux qui résistaient étaient aussi entravés aux poignets) tandis que les femmes et les enfants étaient parquées sur le gaillard d'arrière (les gaillards sont les parties surélevées du bateau). 

La traversée

Les conditions de transport au cours du voyage étaient particulièrement inhumaines et certains récits permettent de s’en faire une idée. Si le temps le permettait, les déportés passaient la journée sur le pont mais les hommes, toujours séparés des femmes et des enfants, restaient enchaînés et pendant ce temps les bailles à déjection étaient vidées et l'entrepont gratté et nettoyé. Pour les dégourdir et les occuper on incitait les esclaves à danser et le soir les déportés retournaient dans l'entrepont où les officiers les mettaient en place pour la nuit, couchés sur les planches et enferrés deux par deux. Le taux d'entassement était important puisque pour gagner de la place, le charpentier construisait un faux pont, sur les côtés permettant d'entasser des centaines de noirs enchaînés, rangés selon le système "de la cuillère" (emboîtés les uns dans les autres). Un navire pouvait contenir jusqu’à six cent esclaves. Le pire de tout était le mauvais temps car les déportés restaient confinés dans l'entrepont et il n'y avait pas de vidange des bailles à déjection ni de nettoyage des sols. Avec la tempête le contenu des bailles coulait sur les planches de l'entrepont et les excréments se mêlaient aux vomissures des malades et des victimes du mal de mer. Si les écoutilles étaient closes, l’air irrespirable, l’obscurité et le roulis affaiblissaient les captifs et au cours de la traversée, le stress et les maladies en emportaient souvent un sur huit.

 

Les révoltes à bord

Quelquefois des révoltes éclataient à bord dont la plupart se réalisaient le long des côtes africaines car en haute mer les réussites étaient beaucoup plus rares. Un voyage sur dix s’accompagnait d’une insurrection dont quelques unes réussissaient, mais la plupart du temps elles étaient matées.

Pour servir d'exemple, les châtiments infligés aux meneurs des révoltes étaient brutaux, voire barbares : pour épouvanter les autres captifs ils étaient battus publiquement et pendus, parfois on leur coupait la main, puis on leur tranchait la tête et le torse était hissé sur le mat pour être exhibé.

 

La mortalité des déportés durant la traversée

La durée du voyage, l'état sanitaire des esclaves avant l'embarquement, le manque d'hygiène, les épidémies de dysenterie et la promiscuité, plus quelquefois l'insuffisance d'eau et de nourriture (ou leur avarie) en cas de prolongement de la traversée, entraînaient un taux de mortalité qui dépassait 12 %, mais en cas de révolte, de naufrages, d’épidémies graves et contagieuses, il dépassait 40% et pouvait atteindre 100 %. Les enfants étaient les plus fragiles et les femmes les plus résistantes.

 

La durée du transport

L’élément le plus important est la vitesse car plus courte sera la traversée, plus faibles seront les pertes. Selon le navire et les points de départ et d'arrivée du trajet, la traversée pouvait être très différente (elle durait généralement entre un et trois mois). Par exemple pour un navire partant d'un port français (17 ports français participèrent a plus de 3000 expéditions négrières), il faut compter 2-3 mois pour atteindre l'Afrique; 3-4 mois de cabotage sur les côtes africaines entre chaque centre négrier (ou chaque comptoir) pour embarquer les captifs, puis encore 2-3 mois pour atteindre les côtes Antillaises, alors que d’Angola les Portugais rejoignaient le Brésil en un mois.     (Suite...)


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La chasse aux esclaves 

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par Dominique et Paul Mariottini