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1- HISTOIRE DE L’ESCLAVAGE : LES TROIS TRAITES NÉGRIÈRES


Les trois traites négrières : la traite orientale, la traite intra africaine et la traite occidentale, furent un phénomène horrible et de grande ampleur, par la durée, par le nombre de victimes, par le transport sur de longues distances d’êtres humains et leur asservissement en esclaves.


Il faut distinguer l’esclavage et la traite des noirs.
L’esclavage consiste, pour des êtres humains (les maîtres), à déposséder d’autres êtres humains (les esclaves), du droit de propriété sur eux-mêmes, au mieux à les priver de leur liberté, au pire à leur ôter leur statut d’Homme voire leur vie. L’esclave, dépourvu d'existence juridique, est la propriété du maître.
La traite désigne le commerce d’êtres humains, considérés comme des esclaves. Mais la traite est systématiquement liée à l’esclavage. C’est ainsi que des millions de noirs africains furent victimes des traites négrières, appelées aussi traite des noirs.

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              La traite orientale

La traite intra-africaine

La carte de l'esclavage              


L'histoire de l'esclavage 
Ainsi, l'esclavage conduit à la privation de toute liberté, qu’elle soit fondamentale ou sociale. Sans existence juridique l'esclave est exclu de la société mais reste un élément indispensable au fonctionnement des sociétés esclavagistes. Ces critères de propriété liés à l’esclavage nécessitent une organisation de la société qui rend peu probable l’existence de l’esclavage aux temps préhistoriques et les preuves de l’existence de l’esclavage ne commencent qu’avec l’écriture.
L'esclavage existe à l'époque antique, puisqu’on le retrouve dans les écrits, aussi bien égyptiens, que grecs ou romains. Ces trois civilisations du bassin méditerranéen, outre l'esclavage domestique, ont toujours eu besoin d'esclaves de traite pour construire leurs cités et leurs temples, et pour manœuvrer les galères.
Puis l'influence du christianisme amène une évolution d'émancipation et l'Église considère maîtres et esclaves comme égaux devant Dieu  et condamne le fait que des chrétiens appartiennent à d'autres chrétiens. Aussi à la fin de la Rome antique, on assiste, en Occident, lors de la transition de l’antiquité vers le Moyen Age au passage progressif de l'esclavage au servage. Contrairement à l'esclave qui est un bien « meuble », le serf jouit d'une personnalité juridique, il possède des biens, peut aller et témoigner en justice et peut se marier. Il n'appartient pas à son seigneur mais lui doit obéissance.

Cependant l'esclavage subsiste tout au long du Moyen Age et le nombre d'esclaves augmente jusqu’au XV° siècle, en Espagne, au Portugal et en Italie, alimenté par les marchands d'esclaves que sont les grandes républiques maritimes de l’époque (Gênes, Venise). Sont réduits en esclavage surtout des individus capturés, les esclaves masculins étant envoyés en orient pour le recrutement de soldats, et les femmes en Italie et sur les grandes îles de la méditerranée pour les travaux domestiques.
Mais alors qu'en Occident le servage remplace l'esclavage, la traite orientale arabe est à son apogée et alimente en esclaves noirs les marchés aux esclaves du monde musulman.

Les trois traites négrières 
La traite orientale. C’est la plus longue en durée et la plus importante en nombre d’esclaves puisqu’on estime que 17 millions de noirs seront mis en esclavage entre le IX et la fin du XIX° siècle. Elle se caractérise par ses voies commerciales (voir carte de l'esclavage): d’une part les routes terrestres du Maghreb et des déserts (itinéraire transsaharien), d’autre part les routes maritimes de la Mer Rouge et de l’Océan Indien (itinéraire oriental) et elle a alimenté le monde musulman en esclaves noirs, d’abord dans l’empire arabe puis dans l’empire Ottoman. Dés le Moyen Age, les grands marchés aux esclaves fournissaient une main d’œuvre servile utilisée dans les travaux domestiques ou dans les armées et les femmes servaient comme esclaves sexuelles (harem et concubines). Le dernier marché aux esclaves sera fermé au Maroc en 1920 et l’Arabie Saoudite n’abolira l’esclavage qu’en 1963.
La traite intra africaine.
On dispose sur elle de moins d’études et de données que sur la traite Atlantique. La capture des futurs esclaves était une affaire purement africaine, sauf au début de la traite Atlantique ou quelques captifs furent kidnappés par des négriers blancs portugais. Les esclaves étaient vendus entre africains contre de l’or dont profitaient les rois africains du Bénin, du Congo ou d’Angola. Ces esclaves étaient soit des asservis de naissance, soit des prisonniers de guerre pris et vendus par des peuples voisins, soit des condamnés et punis pour crimes et délits, enfin certains enfants étaient vendus par leur famille ou abandonnés. Avant 1850, seul un tiers des survivants captifs restaient sur place, principalement des femmes et des enfants, alors que les autres étaient exportés par la traite occidentale, mais après 1880 et l’abolition de l’esclavage dans la plupart des pays, la quasi-totalité restera sur place. On estime qu’au total 14 millions de noirs furent ainsi réduit en esclavage sur place. En Mauritanie l’esclavage n’est aboli que depuis 1980.
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  Capture d'Africains Esclaves sexuelles Captifs au Cameroun Le marché aux esclaves 

La traite occidentale ou traite atlantique. C’est la plus connue, la mieux documentée et la plus intense. Elle est initiée par des considérations politiques, religieuses et commerciales. Politiques car le Portugal veut contourner la mainmise arabe sur le commerce oriental, explorer les routes maritimes atlantiques et s’octroyer les nouveaux territoires conquis, religieuses car l’Église, grâce aux Portugais, y voit les moyens de contenir l’expansion de l’islam au détriment de la chrétienté et la possibilité d’évangéliser de nouvelles contrées.
L’origine de la traite remonte en 1441, lorsque des navigateurs portugais enlèvent des africains et les transportent au Portugal pour en faire des esclaves, mais elle ne commence véritablement qu’en 1513 avec l’arrivée à Cuba des premiers esclaves africains (et des boutures de canne à sucre). 
Sur le plan commercial, c’est l’essor de l’exploitation de la canne à sucre et la révolution sucrière qui vont enclencher la traite à grande échelle et la mise en place du commerce triangulaire
(voir carte de l'esclavage). Le commerce triangulaire, entre l’Europe, l’Afrique et les Amériques, consiste pour l’Europe à échanger des marchandises contre des captifs noirs en Afrique, à déporter ces derniers, attachés et entassés dans les cales des navires négriers, vers le Nouveau Monde, pour en faire des esclaves qui participeront au développement de l’économie coloniale dont les denrées seront renvoyées en Europe. Toutes les grandes puissances de l’époque veulent en être, d’abord les Portugais et les Espagnols, suivis en 1674 par les Anglais et les Français et, à moindre échelle, par les Hollandais et les Danois. 
Malgré les condamnations de l’esclavage par quelques papes et quelques philosophes des Lumières, il faudra attendre plus de trois siècles pour mettre un terme à la traite et aux voyages inhumains de 11 millions de noirs Africains, puisqu’ elle ne sera vraiment interdite qu’à partir du Congrès de Vienne en 1815 (interdiction peu appliquée d’ailleurs). L’esclavage dans les colonies ne sera aboli que plus tard encore et en ordre dispersé, selon les intérêts économiques des nations. La France le fera en 1848.

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En tant qu’Européen et Français, c’est donc vers cette traite Atlantique que nous avons porté un regard sans complaisance dans les quelques pages qui suivent.   (Suite...)


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par Dominique et Paul Mariottini