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4 - Intensification de la traite au milieu du XVIIe siècle et déclin au XIXe siècle


L’essor par les Anglais et les Français et la révolution sucrière 

Le grand virage franco-anglais de 1674

Malgré les bulles pontificales de la fin du XV° siècle, Français et Anglais firent quelques expéditions sur les côtes de l'Afrique mais le nombre d'esclaves africains travaillant dans les colonies antillaises était alors relativement faible, les maîtres n'avaient souvent qu'un seul esclave et dans les îles françaises, on trouvait plutôt des engagés blancs (durement traités).

Si les planteurs de canne à sucre espagnols (du Venezuela) et portugais (du Brésil) achètent des esclaves, c’est en quantité encore relativement limité, car le transport est assuré par les Hollandais, grâce au monopole de l'Asiento, et se limite aux expéditions les plus rentables. D’autre part le sucre est encore cher sur le marché mondial ce qui empêche son exploitation à grande échelle.
Après la création en 1672 de la Compagnie royale d'Afrique par Jacques II, en Angleterre, qui va approvisionner la Jamaïque, et après la fondation en 1673 de la Compagnie du Sénégal par Louis XIV, en France, pour alimenter l'île de Saint-Domingue, tout change et le commerce triangulaire prend son essor. A partir de 1674 les Français et les Anglais commencent à disputer aux hollandais le monopole du transport des esclaves de la côte africaine vers les Amériques, et les îles de la Jamaïque et de Saint-Domingue comme celles de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Barbade deviennent la principale région mondiale d'importation des esclaves.

Les plantations de canne à sucre et la révolution sucrière

La canne à sucre étant mise en production au Brésil et dans les Antilles, le choix d'esclaves africains va s'imposer et accélérer la demande. Prés de 90% de la traite aura lieu après 1674 et le Brésil restera la première destination des navires négriers puisque plus de 40% des déportés du commerce triangulaire y seront transportés.

De l’autre côté de l’Atlantique, Londres, Bristol et Liverpool deviennent les principaux ports négriers britanniques alors que Nantes, avec 42% de la traite française, sera le principal port négrier français, mais d'autres ports participent à la traite comme Bordeaux, La Rochelle, Le Havre et Saint-Malo.

Néanmoins l'arrivée des Français et des Anglais sur les côtes d'Afrique fait brutalement monter le prix d’achat des esclaves, tandis que l'arrivée en masse de ces nouveaux esclaves aux Antilles fait parallèlement baisser leur prix d'achat par les planteurs de Canne à sucre. Ceci permet d’augmenter la production de sucre à coût réduit et permet d'abaisser le prix du sucre sur le marché mondial, favorisant sa consommation en Europe.

Si la consommation de sucre était quasiment nulle au XVIe siècle, au siècle des Lumières, la demande connaît une croissance très forte en Europe occidentale. Ces besoins nouveaux vont entraîner un immense développement de l'économie sucrière et la création de nouvelles plantations, nécessitant une main d'œuvre toujours plus importante qui se traduit par du trafic d'esclaves. C'est à cause de cette révolution sucrière que la traite a connue une telle ampleur. 
Par exemple, rien que dans la colonie de Saint-Domingue, la stimulation de la demande en sucre intensifia la production et nécessita l'emploi d'environ 550.000 esclaves au XVIIIe siècle.
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    Esclaves au travail Napoléon : anti-abolition Révolte à Haïti Schoelcher : l'abolition  

 

Philosophes et abolitionnistes : le déclin et la fin de la traite 

La dénonciation morale par les philosophes

Au XVIII° siècle, dans l'Europe des Lumières, l'esclavage et la traite sont de plus en plus critiqués et même si des encyclopédistes investissent dans le commerce triangulaire, Montesquieu et Voltaire dénoncent les conditions de vie des esclaves. Toujours en France, l’abbé Grégoire, sous la Révolution, rejoint la Société des Amis des Noirs, une société créée en 1788 qui défend le principe de l'égalité des droits des citoyens en métropole et dans les colonies. 

La renonciation par les Nations

Le 16 mars 1792 une ordonnance du Roi du Danemark et de Norvège prévoit l'interdiction de la traite négrière pour les sujets de son royaume et l'interdiction de l'importation d'esclaves sur son territoire à compter de 1803.

En 1807, les États-Unis et le Royaume-Uni abolissent et interdisent officiellement la traite des Noirs. Les autres nations européennes s’aligneront en 1815 avec le Congrès de Vienne. Cependant, quand ces États interdirent la traite, leurs ressortissants négriers continuèrent dans l'illégalité et la traite fut poursuivie durant des dizaines d'années de façon clandestine. Par exemple en France, après 1815 et durant toute la Restauration, la traite illégale se poursuit avec l'assentiment des autorités (pour résister aux Britanniques soupçonnés de vouloir affaiblir l'économie nationale) et il faut attendre les années 1820 pour voir la marine royale française lutter efficacement contre les trafiquants le long des côtes africaines alors que le Congo et l'Angola vendent encore des captifs. La traite reste dynamique jusqu'en 1850, date à laquelle le trafic se réduit pour s'arrêter en 1867 et se poursuivre par l'engagisme. L'engagisme, forme déguisée de la traite, consistait à affranchir sur le bateau des esclaves noirs achetés. Perçu comme une continuation du commerce triangulaire il fut presque aussitôt aboli.

Face à l'interdiction de la traite, certains Européens souhaitèrent s'implanter en Afrique pour mettre en place un système de travail forcé dans des plantations similaires à celles des Amériques. Au Sénégal, Faidherbe, qui met en place la « colonisation à la Française » s’opposera à ces projets. Après son interdiction complète, la traite disparaît sur la côte Ouest de l’Afrique mais le trafic d’esclaves reprend sur la côte orientale et Zanzibar devient la plaque tournante de la traite des noirs à la fin du XIX° siècle. Quelques dates clé de l’abolition

1792 Par ordonnance royale, le Danemark abolira la traite à compter de l'année 1803.

1803 Le Danemark rend applicable l’ordonnance de l’interdiction de la traite négrière de 1792.
1794
En France la Convention abolit l'esclavage.
1807
Le Parlement britannique abolit la traite atlantique.

1807 Les États-Unis abolissent la traite.
1815
Au Congrès de Vienne huit puissances européennes s’engagent à interdire la traite négrière.
1833
Le Parlement britannique vote la suppression de l'esclavage.
1839
Le pape Grégoire XVI condamne la traite négrière par lettre apostolique du 3 décembre.

1848 La France abolit l'esclavage dans toutes ses colonies.

1863 L'esclavage est aboli dans les colonies hollandaises.
1865
Aux Etats-Unis abolition fédérale de l'esclavage à la fin de la guerre de Sécession.

1886 Cuba abolit l'esclavage.

1888 Abolition de l'esclavage au Brésil.

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La traite atlantique, tragédie horrible et de grande ampleur, est aujourd'hui la mieux connue d'un point de vue statistique, et même si les historiens ne sont pas en accord total sur les chiffres, un consensus général se dessine. Sur 27 millions d’africains capturés pour le compte des européens, 8 millions vont mourir lors de leur capture, ou lors de leur transfert vers les centres côtiers ou dans les centres de rétention. 7 millions resteront esclaves en Afrique et environ 12 millions vont partir et être déportés à travers l'Atlantique, et compte tenu de la mortalité au cours du passage, 10 millions d'Africains seront introduits dans les différentes colonies du Nouveau Monde entre 1500 et 1867.

(Suite...)


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Le début de la Traite Atlantique 

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