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3 - Des premières expéditions négrières du XV° siècle au début du XVII° siècle


Le Portugal et le début de la traite
Les Portugais furent les premiers Européens à se risquer sur les côtes atlantiques de l'Afrique. Sur un océan qui était le leur, ils furent aidés par leurs bons navires qu’étaient les Caravelles et leurs bons navigateurs qui maîtrisaient les nouvelles cartes et la boussole. Par ces nouvelles routes maritimes leur objectif était d'atteindre les mines d'or africaines, entrer en contact avec le royaume du prêtre Jean (l'Éthiopie) pour obtenir une alliance et prendre en tenaille le monde musulman.
En 1441, Antao Gonçalves, un navigateur portugais du XV° siècle au service d'Henri le navigateur, fut le premier européen à capturer des natifs africains comme esclaves. Cet événement, considéré comme le début de la traite atlantique, était chose fréquente à l’époque car depuis plusieurs décennies, la traite transsaharienne (traite orientale) fournissait des esclaves noirs au Portugal. Aussi, au début, les Portugais continuèrent les razzias puisqu’en procurant un profit elles rentabilisaient les expéditions maritimes, mais le commerce devint assez vite un nouveau procédé d'obtention de captifs et dès 1446, Antao Gonçalves acheta des esclaves.
Dés lors, à partir de 1448, plus de mille esclaves seront déportés au Portugal et sur les îles portugaises (les Açores et Madère) et dans la seconde moitié du XVe siècle, les portugais vont établir des relations commerciales avec l'Afrique sub-saharienne. En 1458, le prince Henri le navigateur généralise l’achat d’esclaves dans l’actuelle Sierra Leone et la Couronne portugaise confie de nouvelles expéditions a des hommes d'affaires et des marchands portugais privilégiés, ainsi que le droit de transporter des esclaves en échange d’un impôt annuel. Les Portugais commencent alors à s'implanter sur plusieurs points du littoral africain et construisent leur premier comptoir en 1461 (à Arguin), s'installent dans les îles du cap Vert en 1462 et sur l'île de Sao Tome en 1486, mais l’intérêt pour les esclaves prend une place de plus en plus importante.

En effet la réussite des implantations de la canne à sucre à Madère, aux îles Canaries, puis à Sao Tome, exige un nombre croissant d'esclaves et oblige à établir des relations commerciales avec deux royaumes africains : celui du Kongo (1485) et celui du Bénin (1486) et à échanger des marchandises d’Europe et de Méditerranée avec les chefs africains. Vers 1550, le Congo devient la principale zone de traite mais la demande portugaise en esclaves est si élevée que l'Angola doit à son tour fournir des esclaves aux Portugais et au début du XVIIe siècle, de nombreux villages deviennent d'importants marchés aux esclaves.

Aux yeux des portugais, ces expéditions se justifiaient pour des raisons commerciales et pour contenir l’expansion de l’islam, aussi, par une série de bulles, les papes successifs (Nicolas V, Calixte III et Sixte IV) approuveront les expéditions portugaises, y voyant l’occasion de convertir au christianisme toutes ces populations de païens incroyants (au besoin par l’asservissement, voire par une réduction en esclavage) et accorderont en échange le monopole commercial de l’Afrique au roi du Portugal. De plus, en 1494, l’église chrétienne, par son pape Alexandre VI, organise le partage du monde entre le Portugal et l’Espagne avec le Traité de Tordesillas, obligeant les Espagnols à reconnaître le monopole portugais et à cesser leurs expéditions vers l'Afrique.
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              Caravelle Portugaise

Chasseur d'esclaves indiens

Entre fouet et goupillon              


Le Portugal et la demande Brésilienne

Pendant ce temps, les premières plantations sucrières voient le jour au Brésil qui va devenir, pour un temps, le principal fournisseur en sucre de l'Europe, mais la demande en travail servile explose. Les Portugais ont alors à leur disposition les Indiens, mais les planteurs ne sont pas satisfaits de leur travail et ils ne résistent pas bien aux mauvais traitements infligés, de plus pour défendre les droits des Indigènes, les dominicains espagnols, dont Bartolomé de Las Casas, vont dénoncer les pratiques des colons et finir par rendre l'asservissement des Indiens illicite. En effet, en 1537, le pape Paul III, dans une lettre à l’archevêque de Tolède puis dans une bulle, condamne et interdit l’esclavage des Indiens d’Amérique (mais pas celui des noirs africains). Pour finir, dans les années 1560, les épidémies déciment la population indienne du Brésil.

Pour toutes ces raisons, la demande d'esclaves noirs  nécessite sans cesse de nouveaux arrivages en provenance du Congo et de l'Angola, faisant passer la population noire du Brésil de 2 000 en 1570, à 15 000 en 1600

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L’Espagne et l'Asiento

L'île de Cuba fut découverte le 28 octobre 1492 par Christophe Colomb, explorée plus complètement lors du second voyage, mais vite délaissée pour Hispaniola (Haïti). A cette époque, l'île était habitée par une population probable de 200.000 habitants. En 1510, il n'en restait plus que 25 000 sur Hispaniola. En effet les Indiens, ne résistaient pas aux mauvais traitements dans les champs et les mines. Terriblement opprimés ils furent exterminés et un grand nombre d'entre eux se sont suicidés pour se soustraire à la cruauté et aux exigences des conquérants.

Malgré  un décret de 1501 interdisant les déportations aux « Indes Occidentales » d'esclaves nés en Espagne, de Juifs, de Maures et de nouveaux chrétiens (juifs convertis), certains marchands et capitaines obtiennent l'autorisation d'emmener quelques esclaves noirs, mais le début de la Traite d'esclaves vers les Amériques ne commencera qu’en 1510, quand le roi d’Espagne donnera la permission d'envoyer cinquante esclaves sur Hispaniola pour exploiter les mines.

L’ aumônier des Conquistadores, Bartolomé de Las Casas, qui pourtant défendait déjà les Indiens, laissera le gouvernement de Velasquez de Cuellar commencer l'importation d'esclaves d'Afrique pour constituer une main d’œuvre en remplacement de celle des Indiens, sans ardeur pour le travail colonial intensif. D’autant que les colonies des Caraïbes prospèrent et servent de point de départ pour la conquête par Cortez des mines du Mexique et du Honduras, tandis que les autres Conquistadores découvrent les richesses du Venezuela et du Pérou et des autres colonies espagnoles : Colombie, Équateur, Panama, Argentine. Aussi, à partir de 1550, la demande espagnole en main d’œuvre servile pour ses conquêtes d'Amérique latine décolle. Les besoins en esclaves étaient multiples et variés : pêcheurs de perles, mineurs, vachers, charpentiers, et domestiques pour les femmes.

Or Jusqu'en 1550, la plupart des captifs africains étaient destinés à la péninsule ibérique et, empêchés par le monopole Portugais, les Espagnols ne pratiquaient pas la traite négrière directement. Incapable de fournir suffisamment d'esclaves à ses colonies, l'Espagne fit le choix de confier la traite à d'autres pays contre le paiement d'une redevance, avec, en retour, une situation de monopole. Ce droit s'appelait l'asiento, que les autres puissances européennes ne pratiquaient pas. L'asiento fut ainsi octroyé tour à tour aux Portugais, aux Hollandais, aux Français et aux Anglais qui, en échange du privilège s'engageaient à fournir un certain nombre d'esclaves aux colonies espagnoles. Ainsi, lentement, les esclaves noirs commencèrent à peupler les nouvelles possessions espagnoles du Nouveau Monde. 

Au début du XVIIe siècle, le nombre total d'esclaves déportés d'Afrique ne dépassait pas 200 000 et, en gros, une moitié était destinée au Brésil, l’autre moitié à l'Amérique espagnole.

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Les Hollandais et la W.I.C – Une période de transition

La Compagnie néerlandaise des Indes occidentales (la W.I.C.) connut dés ses débuts une bonne réussite. Entre 1620 et 1640, en plus de ses activités de piraterie, de nombreuses colonies et comptoirs de commerces furent implantés avec succès en Amérique du Nord, dans les Antilles néerlandaises, dans d'autres îles des Caraïbes ainsi qu’en Guyana et au Surinam.

En 1630, au Brésil, les Hollandais enlèvent au portugais les ville de Recife, Natal et Salvador, afin de s'assurer une production sucrière et en Afrique la compagnie s'empare en 1667 du fort portugais d'Elmina (dans l’actuel Ghana) et fonde de nouveaux comptoirs en Angola qui ont été pendant plusieurs siècles parmi les principaux centre d'exportation d'esclaves, aussi, au milieu du XVIIe siècle, la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales est déjà toute puissante.

Dans le commerce triangulaire hollandais, l’Amérique du sud, avec le sucre, fournissait le gros des marchandises, tandis que l'Afrique fournissait de l'or, de l'ivoire et des esclaves destinés à travailler dans les plantations des Antilles et du Surinam. Leur position sur la traite fut encore renforcée par l'Asiento accordé par les Espagnols en 1662, puis par l'accord entre l'Espagne et une firme d'Amsterdam.

Cependant, le succès ne dura pas. Entre temps, les Portugais avaient repris le Brésil et dans la traite atlantique, les Hollandais sont supplantés par les Anglais et les Français, mais avec l'ouverture au commerce libre, le nombre de captifs déportés par les Hollandais augmente.   (Suite...)


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La Traite Atlantique 

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