La traite européenne fut une entreprise commerciale et économique. Ce commerce de captifs, consistant à enlever les noirs d'Afrique pour les transporter en Amérique, vise au développement de l'économie coloniale. Son fondement repose sur l'échange de produits européens contre des captifs africains, sur leur transport, via l'océan Atlantique, pour en faire des esclaves dans les colonies, puis sur la vente ou l'échange de ces captifs contre des denrées tropicales destinées à l'Europe.
En trois phases la traite atlantique va s’étaler sur quatre siècles. D’abord une phase de démarrage, initiée par les navigateurs explorateurs Portugais au XV° siècle. Puis une phase d’expansion, provoquée en 1674 par les Anglais et les Français qui vont alimenter leurs colonies Antillaises en esclaves, et qui verra l’essor du commerce triangulaire, autoalimenté par la révolution sucrière. Enfin la phase de déclin qui commence avec le Siècle des Lumières et le réquisitoire moral des philosophes, se poursuit au début du XIX° siècle avec les premières révoltes d’esclaves dans les plantations antillaises et se termine avec la dénonciation puis l’interdiction de la traite (qui sera suivie, un peu plus tard, par l’abolition de l’esclavage).

XV° - XVI° Siècle : Portugais & Espagnols

XVII° - XVIII° Siècle : Français & Anglais

Esclaves au Brésil

L'abolition dans les colonies françaises (1848) 

Les Portugais furent les premiers Européens à se risquer sur les côtes atlantiques de l'Afrique et à acheter des natifs africains comme esclaves. Cet événement de l’an 1441 est considéré comme le début de la traite atlantique.
La réussite des implantations de la canne à sucre à Madère et aux îles Canaries exige un nombre croissant d'esclaves et oblige à établir des relations commerciales avec les royaumes africains. De plus, les premières plantations sucrières voient le jour au Brésil et, l'asservissement des Indiens devenu illicite, nécessite sans cesse de nouveaux arrivages d'esclaves noirs.
Tandis que les Conquistadores découvrent les richesses des nouvelles colonies espagnoles la demande en main d’œuvre servile décolle. Malgré les besoins en esclaves, empêchés par le monopole Portugais, les Espagnols ne pratiquaient pas la traite négrière et imaginèrent l'asiento, un privilège qui engageait un pays à fournir un certain nombre d'esclaves aux colonies espagnoles.
Profitant de l’Asiento espagnol, les Hollandais amélioreront leur réussite sur la traite mais seront supplantés par les Anglais et les Français. (Suite...)

A partir de 1674 le commerce triangulaire prend son essor. Après la création de la Compagnie royale d'Afrique et de la Compagnie du Sénégal, les Français et les Anglais commencent à disputer aux hollandais le monopole du transport des esclaves qui va approvisionner la Jamaïque et Saint-Domingue, et la canne à sucre produite au Brésil et dans les Antilles va accélérer la demande d'esclaves africains. Mais l'arrivée en masse de ces nouveaux esclaves fait baisser leur prix d'achat et fait augmenter la production de sucre, permettant d'abaisser son prix. Au siècle des Lumières, la demande en sucre connaît une forte croissance qui entraîne un immense développement de l'économie sucrière, la création de nouvelles plantations et du trafic d'esclaves. Jamais la traite n’a connue une telle ampleur.
Au XVIII° siècle, dénoncés par les philosophes, l'esclavage et la traite sont de plus en plus critiqués. En 1807, les Etats-Unis et l’Angleterre abolissent la traite qui sera interdite par le congrès de Vienne en 1815. Mais les négriers vont continuer la traite dans l'illégalité durant des dizaines d'années et de façon clandestine. (Suite...)

DIFFUSION PHOTO MAGAZINE
par Dominique et Paul Mariottini