VOCABULAIRE ET
TERMINOLOGIE DE LA VOLERIE ET DE LA FAUCONNERIE
Volerie, chasse au vol, fauconnerie, chasse au faucon, autourserie ?
Il y a de quoi y perdre son latin. Il est vrai que ces disciplines
ancestrales possèdent un vocabulaire spécifique réservé aux
disciples et aux fidèles et incompréhensible pour le commun des
mortels, et pour compliquer encore les choses, ce vocabulaire évolue
avec les siècles. Mais attention, quand on aborde le sujet on entre en
terrain miné car pour les « aficionados » purs et durs de
ces arts « un chat est un chat », ou plutôt « un
faucon est un faucon » et si vous mélangez « sacre »
et « pèlerin » et ne respectez pas le dogme, comme au bon
vieux temps du triste sire Torquemada,
vous serez cloués sur la « perche » et serez voués à
l’enfer des Falconiformes où Satan, qui a ici non pas des cornes et
une fourche mais un bec crochu et des serres acérées, vous « liera »
jusqu’à la fin des temps. Aussi tâchons d’y voir plus clair.
Volerie
et chasse au vol.
Le terme de volerie (du
latin volare « voler dans l’air ») est
utilisé depuis le moyen âge pour désigner une méthode de chasse, la chasse au vol, qui se différencie de la vénerie, une autre
technique de chasse (en gros la chasse à courre avec équipage et meute
de chiens). Très prisée au moyen âge, la volerie sera
mise à l’honneur par Louis XIII, qui fera de la haute volerie un
privilège royal, puis elle sera éclipsée par la vénerie. (Voir
histoire de la fauconnerie).
La chasse avec des oiseaux de proie ayant été interdite en France par
la Convention révolutionnaire, l’expression chasse au vol ne
sera vraiment reprise qu’après la légalisation de ce type de chasse
en 1954. Au fil du temps, le terme de volerie va ainsi tomber en
désuétude et sera remplacé par celui de chasse au vol. Plus récemment
encore, le vocable de volerie sera récupéré pour désigner les
démonstrations de vol de rapaces, distinguant ainsi les spectacles avec
des rapaces de la « vraie » fauconnerie : la chasse
au vol.
Fauconnerie
et autourserie.
Au Moyen Age on entend par Fauconnerie «l’art de capturer un gibier sauvage dans son milieu naturel avec un
oiseau de proie
dressé à cet effet», il s’agit donc bien de dresser
et de conduire les faucons et toutes sortes d’oiseaux de proie. D’ailleurs, le Grand
Fauconnier de France, dont la charge remonte à 1205 et le titre
à 1406, était un grand officier de la Maison du roi de France chargé,
entre le milieu du Moyen Âge et la Révolution française, de la fauconnerie
du roi et de l'organisation des chasses au faucon. Mais sous son contrôle
les maitres fauconniers de la Grande Fauconnerie du roi doivent dresser tous
les rapaces, aussi bien les autours et éperviers pour le vol de poing
(actuel bas vol) que les gerfauts, sacres et faucons (pèlerins) pour le
vol de leurre (actuel haut vol).
Pendant longtemps les termes d’autour et d’épervier n’apparaîtront pas puisqu’au Moyen-âge
seul le nom latin est utilisé, c'est-à-dire Accipiter,
qui désigne aussi bien l’autour que l’épervier (et même tous les
rapaces sous l’antiquité). De même, la littérature médiévale préfère
les termes de Falconarius et Falconibus pour traiter de la fauconnerie en général. Une
exception cependant avec le « Liber
acciptrum de Grimaldus » qui sera traduit par « traité d’autourserie de Grimaldus ». Mais ce document très
ancien (probablement du XI° siècle) traite de remèdes vétérinaires
à l’attention des autours et éperviers et non de volerie cynégétique.
En revanche, un manuscrit de fauconnerie de la fin du XVIII° siècle, récemment
découvert, contient tout un chapitre consacré à « Autourserie
ou basse volerie » et un autre à « Affaitage
de l’épervier et de l’autour ». Ce manuscrit : « La fauconnerie, ou essais sur la chasse du vol » (seul texte
français de fauconnerie de cette époque) est l’œuvre d’un
aristocrate, Louis-Gabriel Cochet de Corbeaumont, qui, témoin des dernières
chasses au vol de l’ancien régime, et avant d’être emprisonné
sous la Révolution, conçoit son œuvre comme une préservation de la
fauconnerie qui avait alors disparu en Europe de l'ouest. Son texte fait
le lien entre la chasse au vol d’autrefois (de la Renaissance à la révolution)
et son renouveau dans
l'Europe du milieu du XIX° siècle.
Ainsi sous l’ancien régime, le terme fauconnerie
s’employait pour parler indifféremment de la haute volerie et de la chasse
au vol dans sa globalité, tout comme on utilisait indistinctement le terme d’autourserie pour
désigner à la fois la basse volerie (autour et épervier) et la chasse
à l’autour proprement dite.
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