Nuisibles
? Une mauvaise réputation injustifiée
Voulant
changer la nature à son profit, l’homme a éliminé tout ce qu’il
croyait hostile à ses intérêts et les prédateurs en premier lieu. De
plus, en transformant la végétation native, et de ce fait l'habitat et la composition
des communautés animales, l’homme a modifié les conditions naturelles
(même si la plupart des rapaces se sont bien adaptés aux situations
nouvelles). Enfin, après la Révolution de 1789, et uniquement pour
satisfaire le sentiment populaire, la classification des animaux en deux
catégories : «nuisibles » et « utiles» (établie selon
l’apparence mais sans réalité biologique), a fait beaucoup de dégâts.
Une
telle conception ne correspond plus aux connaissances actuelles sur l’équilibre
naturel et le rôle des prédateurs, aussi l’opinion scientifique
rejette aujourd’hui cette fausse classification. Certes, il peut paraître
parfois difficile d’admettre qu’un oiseau de proie (ou tout autre prédateur)
n’est pas « nuisible », de même qu’il semble normal que les paysans
craignent pour leurs poules, les bergers pour leurs troupeaux et les
chasseurs pour leur gibier. Ces derniers sont les ennemis les plus acharnés
des rapaces dits « nuisibles » car beaucoup accusent encore les rapaces
de diminuer «leur» gibier, fermant les yeux sur certains d’entre eux
qui, avec des armes perfectionnées et une incapacité à se modérer,
sont de plus dangereux prédateurs que les rapaces.
Sans
se donner la peine de distinguer les espèces, pour anéantir les rapaces,
on a tué par tous les moyens tout ce qui portait des serres et un bec
crochu au moyen de battues, d’affûts, de pièges, d’appâts empoisonnés,
d’abattage de couveuses, d’aires et de nichées. Ces massacres (imposés
aux gardes-chasses et glorifiés dans la presse) n’ont pas avantagé
pour autant le gibier, en revanche, les oiseaux de proie sont devenus
rares, et certains sont maintenant menacés de disparaître, même si en
Europe, le nombre d’espèces semble se maintenir. Toutefois, leurs
effectifs ont été si fortement réduits que certaines espèces sont
proches de l’extinction.
Un
petit espoir réside dans le statut légal des rapaces qui est en progrès.
Grâce à la convention de Washington (1973), on est passé de leur
destruction à la protection des espèces (toutes dans certains pays).
Cette évolution, fondée sur de nombreuses études scientifiques (la
recherche s’intéresse de plus en plus à leur vie car ils ont encore
beaucoup à nous apprendre), et souvent initiée par les associations de
fauconnerie, devrait aboutir partout à une protection complète.
Mais même dans les pays où la loi interdit d’abattre les rapaces, les
préjugés à leur égard sont hélas toujours aussi tenaces.
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